La raffinerie britannique de Fawley est l'une des plus importantes au Royaume-Uni du géant pétrochimique.

 

Le groupe pétrolier américain investit pour surfer sur les opportunités offertes par la réglementation sur les carburants marins et leur teneur en soufre, imposée dès 2020 aux transporteurs maritimes sur toutes les mers du monde.

Á quelques jours d’intervalle, le Texan a annoncé plusieurs projets ambitieux. Pour le dernier en date, il s’agit d’investir dans l’une de ses plus importantes raffineries britanniques – Fawley (capacité de 270 000 barils par jour) sur la côte Sud de l’Angleterre – de façon à augmenter la production d’hydrocarbures à faible teneur de soufre dans la perspective de la réglementation OMI, qui exige des carburants marins à 0,5 % de soufre dès 2020. Une enveloppe de 560 M€ est annoncée pour deux unités, l’une d’hydrotraitement et l’autre d’hydrogène, sous réserve des autorisations réglementaires.

Les annonces se suivent et ne se ressemblent pas, traduisant sans doute les grandes incertitudes des acteurs du marché sur toute la chaîne. Il y a quelques jours, Gunvor, le n°4 mondial dans le commerce de brut derrière Glencore, Vitol et Trafigura (63 Md$ en 2017 pour un bénéfice de 162 M$, en forte baisse par rapport aux 315 M$ engrangés en 2016) annonçait geler ses investissements au sein des ports de Rotterdam et d’Anvers.

"Trop risqué"

Dénommé Goliath, le projet portait sur un investissement de plusieurs centaines de millions d’euros, comprenant la construction d’une usine de raffinage de carburants propres à Rotterdam et de deux citernes de stockage de carburant à Anvers. Déjà démarrés, ces chantiers sont stoppés du fait d’une nouvelle conjoncture défavorable. Dans un mémo parvenu aux employés du groupe, le directeur général de Gunvor, Torbjörn Törnqvist, évoque « un environnement économique compétitif touchant les prix des produits pétroliers, ce qui résulte dans des prévisions de rendement moindres pour ce projet et le rend trop risqué ».

Toutefois, l’entreprise de raffinage basée à Genève et à Chypre estimait que la situation pourrait s’éclaircir en 2020 avec l’entrée en vigueur de normes anti-pollution plus strictes. En l’état, le groupe, qui avait racheté des raffineries dans le port de Rotterdam en 2016 à Koweït Petroleum, est à la recherche d’un partenaire pour participer aux investissements prévus. Le recours à d’autres moyens de financement est aussi à l’étude.

--- A.D. (avec Didier Burg à Rotterdam)

 

 

ExxonMobil lorgne sur la Chine et le Pacifique

Le 5 septembre, le géant pétrochimique annonçait aussi avoir signé un accord cadre de coopération avec les autorités de la province chinoise du Guangdong en vue de la construction d'un complexe chimique au sein du parc industriel pétrochimique de de Dayawan, à Huizhou, sur la côte sud-est de la Chine, où il est implanté via la coentreprise Fujian Refining et Petrochemical (FREP), dont il détient 25 % aux côtés Sinopec (50 %) et Saudi Aramco (25 %).

Ce projet de plusieurs milliards de dollars et à horizon 2023 comprendrait un vapocraqueur flexible d'une capacité de 1,2 million de tonnes par an d'éthylène. Selon ExxonMobil, le complexe s'appuierait sur ses technologies avancées dans le domaine du craquage direct de brut et celui de la production de polymères de performance. 

Le projet est surtout lié à celui d'un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) à Huizhou, terminal auquel ExxonMobil cherche à participer.

ExxonMobil est engagé dans une course à la capacité depuis quelques années. Il prévoit notamment d’augmenter de 40 % sa production de productions chimiques, notamment en Asie-Pacifique où il envisage la construction de 13 usines de part et d'autre du Pacifique et en Amérique du Nord. Dans le cadre de son projet « Growing the Gulf » - programme estimé à 20 Md$, entamé en 2013 et prévu jusqu'en 2022 - il a investi dans le Golfe du Mexique. Il vient mettre en service son gigantesque vapocraqueur de 1,5 Mt/an sur son complexe de raffinage-chimie de Baytown, au Texas.

 

 

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