L'identité du prochain directeur général du Grand port maritime de Bordeaux sera connu d'ici avril tandis que le mandat du conseil de surveillance, qui devait s'achever dans quelques jours, sera prorogé de six mois. Bordeaux n'est pas le seul port concerné par les renouvellements. Les quais phocéens et havrais bruissent de secrets de Polichinelle. Á Dunkerque, l'actuel duo espère bien être reconduit. Nantes est fixé depuis le début de l'année.

Le mandat de l’actuel président du directoire, Christophe Masson, ingénieur des Ponts, en fonction depuis 2011, devait prendre fin le 14 mars 2019. Le ministère des Transports a annoncé le recrutement d’un nouveau directeur général pour la fin mars ou début avril 2019. Il a également pris la décision de proroger de six mois le mandat de l’actuel conseil de surveillance qui devait s’achever normalement fin janvier 2019.

Jusqu’au printemps et la nomination d’un nouveau directeur, Renaud Picard, directeur financier au GPMB, assurera le suppléance. Selon Renaud Picard, cette prorogation du mandat du conseil de surveillance, décidée par le ministère, serait justifiée par les discussions en cours quant à une possible régionalisation de la gouvernance de tous les ports néo-aquitains dont les deux GPM de Bordeaux et La Rochelle. Le Conseil régional Nouvelle-Aquitaine, qui, l’an dernier, s’était dit prêt à prendre la gouvernance - non sans conditions -, souhaitait poursuivre sa réflexion à partir des résultats des divers audits en cours, l’un mené par la préfecture de Gironde aujourd’hui finalisé sur la gouvernance du port de Bordeaux, deux autres portant sur la transformation du modèle économique des ports (CGE-IGF) et sur le modèle portuaire de Bordeaux et La Rochelle. « Le calendrier s’accélère et 2019 sera décisive », avait indiqué au JMM Mathieu Bergé, chargé des infrastructures, des Transports et de la mobilité au Conseil régional Nouvelle-Aquitaine (cf. Magazine n°5993).

Présidé par Pascal Lefevre depuis février 2014, le conseil de surveillance poursuivra donc jusqu’à l’été ses missions de décisions stratégiques et de contrôle de gestion. Membre du directoire, Étienne Naudé, directeur de la stratégie et du développement au GPMB vient d’annoncer qu’il quittera, lui, ses fonctions fin janvier pour rejoindre le GPM de La Réunion. Marqué par une année de crise de gouvernance et de conflits sociaux, le GPMB devra donc encore attendre quelques mois pour disposer d’un nouveau capitaine et tourner la page vers un horizon plus serein.

Valses-hésitations et jeu de chaises musicales

Ailleurs, d'autres mandats sont en jeu. Á Marseille Fos, comme annoncé par Le JMM il y a deux semaines, Christine Cabau-Woerhel, présidente du directoire depuis 2014, ne rempilerait pas pour un nouveau mandat. Elle rejoindrait le groupe CMA CGM à la direction des terminaux portuaires France. Secret de Polichinelle, disent certains, même si l'information ne s'évente pas vraiment en dehors des sphères d'initiés. Á Dunkerque, Stéphane Raison n'a pas caché, lors de la conférence de presse annuelle le 10 janvier, qu'il espérait pouvoir poursuivre l’ouvrage entamé aux côtés de François Soulet de Brugière. L'attelage à la tête du port des Hauts-de-France se dit en tout cas confiant pour mener le prochain grand projet stratégique 2019-2023.

Au Havre, l'on prête l'intention à l'actuel patron Hervé Martel, en poste depuis 2012, de lorgner sur la direction générale des infrastructures, du transport et de la mer, la DGITM, depuis qu'est connu le départ de François Poupard pour la direction générale des services (DGS) de la région Nouvelle Aquitaine (et de son adjoint Cédric Grail qui doit fin janvier prendre la direction de cabinet du président de la métropole de Lyon). Hervé Martel, ingénieur Ponts et Chaussées de formation et ex-DG de Ports de Paris, a débouté la question lors de la conférence de presse annuelle d'Haropa quai de Grenelle ce 22 janvier : « Je n'ai pas pour habitude de candidater par voie de presse mais auprès des employeurs ou parties concernées ». 

Á ce poste, parmi les noms qui circulent figure notamment celui de Marc Papinutti, directeur de cabinet de Élisabeth Borne. Quoi qu'il en soit, la DGTIM ne s'acquiert pas sans l’aval de l’Elysée et de Matignon. Le tout se télescope avec la désignation attendue du préfigurateur en charge de l'intégration plus poussée d'Haropa, composée des trois ports du Havre, de Rouen et de Paris, dont l'échéance s'est diluée (horizon 2021) depuis l'annonce faite au CIMer de Dunkerque par le premier Ministre Édouard Philippe en novembre dernier. Reste à savoir s'il s'agira d'un directeur de port ou d'un haut fonctionnaire. Là aussi, le nom de Christine Cabau-Woerhel a un temps circulé. Le monde portuaire est décidément étroit ...

Le port de Nantes Saint-Nazaire, lui, est fixé sur l’identité de son nouveau président du directoire. Par arrêté ministériel en date du 14 décembre, Olivier Trétout a été nommé et son mandat a démarré le 1er janvier 2019. Il succède à Jean-Pierre Chalus, devenu délégué général de l'Union des Ports de France. Olivier Trétout est tout, comme Christine Cabau-Woerhel un « ancien » de CMA CGM, véritable antichambre des cénacles portuaires.

--- Marianne Peyri (à Bordeaux), Adeline Descamps ---

 

   

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