L’Iran, qui gage sur la guerre russo-ukrainienne et les difficultés de l’UE à trouver des sources alternatives au gaz et pétrole russes, prévoit de réactiver ses projets, plusieurs fois avortés, dans le GNL, rapporte l’agence Bloomberg. Le pays est en outre en train de passer commande de son premier aframax au GNL.

Téhéran gagne en assurance sur les marchés. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, le pays, sous embargo international depuis la dénonciation par les États-Unis de Donald Trump d’un accord historique sur le nucléaire, se comporte comme si les négociations en cours allaient être à son avantage, à savoir lever les sanctions économiques dont il fait l’objet. Dans une économie de la pénurie, alors que l’UE cherche désespérement des alternatives au pétrole et au gaz russes, les 2,4 millions de barils de pétrole par jour que l’Iran réinjecterait dans le marché permettraient de soulager les marchés et de compenser en partie le manque à gagner russe, estimé à 10 Mb/j. Le baril de Brent, hyper volatile, a frôlé les 140 $. Tout concourt à un allègement des interdictions à l'encontre du pays du Moyen-Orient.

Intérêt prononcé pour le GNL

Mais cette fois, les déclarations concernent le GNL. Le producteur public de pétrole et de gaz naturel du pays, la National Iranian Oil Co. a invité les investisseurs à soumettre des propositions pour la construction de petites unités de GNL. L'Iran possède les deuxièmes plus grandes réserves de gaz au monde mais ne disposent pas des infrastructures pour transformer le gaz en une forme liquéfiée, nécessaire pour l’exporter dans le monde antérieur. Bloomberg rappelle que huit projets antérieurs d'exportation de GNL iranien ont été entravés par des sanctions ou des contraintes financières.

Le premier aframax au GNL

Quoi qu’il en soit, l’Iran prépare son ouverture à l’international. La société d'État National Iranian Tanker Company (NITC) vient de commander le premier aframax (113 000 tpl) bicarburant au GNL du pays, selon un rapport de l'agence de presse Shana. « La commande à Iran Shipbuilding and Offshore Industries Complex (Isoico) est à l'ordre du jour et son contrat sera bientôt signé », a déclaré la société dans un communiqué repris par les médias iraniens. NITC exploite actuellement une flotte de très gros transporteurs de brut ainsi que des suezmax et aframax.

Ces événements interviennent alors qu’Associated Press a rapporté ces derniers jours que les États-Unis avaient discrètement saisi la cargaison de deux pétroliers soupçonnés de transporter du pétrole iranien dans le cadre d'un système élaboré de contournement des sanctions.

L’Iran semble se préparer activement à une éventuelle levée des sanctions. La compagnie pétrolière a indiqué qu'elle avait déjà envoyé 24 de ses navires en remise à niveau de ses équipements. 

Si la commande est confirmée, il s'agira du premier pétrolier nouvellement construit pour NITC depuis plus de dix ans. Aucune précision n’a été donnée. L'industrie de la construction navale, mise au ralenti pendant de nombreuses années, en a-t-elle les ressources et les technologies ? En décembre 2020, les agences de presse iraniennes avaient publié des photos qui s’apparentaient à une cérémonie de lancement du premier nouveau pétrolier construit pour un client international. Rien d’autre n’a filtré.

A.D.